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Le destin et les les préjugés.


Le destin, les choix, les privilèges, et le droit!

Des mots intimidants, des conversations difficiles à avoir, je semble prospérer dans de telles situations. Un ami m'a déjà demandé si j'aime provoquer les gens et si je ne crains pas les répercussions.
Non ! Je ne cherche à provoquer personne en disant certaines choses, je le fais parce qu’elles me préoccupent beaucoup. Je suppose que je ne crains pas vraiment les répercussions car mon intention n’est pas d’énerver les gens mais ce que je recherche à faire c’est  vous pousser au-delà de votre zone de confort.

Vous vous demandez sûrement pourquoi je suis si passionnée par ce sujet.

J'ai une théorie, je ne sais pas à quel point elle est juste, mais la voici. Je crois que nous sommes et devrions rester fluides. De plus, la vie nous réserve des épreuves qui nous forcent à nous adapter  soit juste pour survivre soit pour nous permettre d’évoluer. Cela dit, il y a des facteurs sur lesquels nous  n’avons pas de prise.

Mon conditionnement!
Je suis une femme, noire avec des dreadlocks, Africaine, Kényane, Luo et Immigrante.

C’est qui est plutôt du lourd.

Numero uno, bien sûr  je n'ai jamais choisi aucun de ceux-ci. C’est l’œuvre du destin prédéterminé ainsi que des privilèges et les droits ou plutôt le manque de ces derniers ! Sauf les dreads. Ca, c’est par choix et pas nécessairement à mon avantage!

Etre Noire Africaine et vivre en Europe n’est pas forcément évident. Cela ressemble plus à un jeu d’équilibrisme entre les gens qui  s’imaginent que je suis une immigrée sans papiers d’une certaine foi et ceux qui me traitent comme un spécimen à observer ou encore ceux qui m’ignorent complétement par peur de cet objet étrange… 

Comme quand, en entrant au Country club, on me dit «Désolés, nous n’engageons plus de femmes de chambres! ». J'ai répondu de la manière la plus décontractée possible « Bon à savoir mais est-ce que vous servez à manger? »

Ou encore comme quand récemment, lorsque les plats ont été servis et un des organisateurs accourt pour m’informer qu'un plat contenait du porc. Je me demande vraiment pourquoi, parmi les plus de 30 invités, j'étais la seule à être informée. J’ai dû chuchoter en retour «  Vous voudrez peut-être en parler aux orthodoxes, adventistes, Juifs, etc. Ils ont probablement plus besoin de cette information que moi. »

« Comment êtes-vous arrivée en France ? Par la mer? » « Mais je suis Kenyane, j’ai couru ! » non sans blague, j’ai pris un avion.
Je ne savais pas qu’il y a un aéroport au Kenya !
No comment !
Vous êtes si intelligente vous avez fait vos études en France ?
Ah bon pourquoi, il n’y aurait pas de bonnes écoles Au Kenya ?

Les «Autres Africains» me traitent comme une étrangère, ils connaissent peu le Kenya!
Je me souviens encore d’être interrogée sur la Rhumba et le lingala congolais ou sur la façon dont je connaissais la politique de certains pays.
Ne vous y trompez pas, j'écoute toutes sortes de musiques! Sauf, il y a toujours une exception, la Techno. En ce qui concerne le lingala, je comprends le swahili et le français, alors je peux me débrouiller!

Je me souviens avoir rencontré un bel homme Congolais. Sa sœur, en me rencontrant pour la première fois, lui demanda « C’est quoi ton problème ? N’as-tu pas trouvé une vraie congolaise à draguer? Pourquoi tu te promènes avec cette anorexique qui ne connait pas notre langue ni nos manières ? » Tout cela devant moi. Même si j’adore le côté sans filtre cela m’a mise mal à l’aise !

Eh oui, j'étais mince, maigre en fait. Tellement maigre que quand je suis tombée malade en 2006, la première chose que les médecins ont soupçonnée était la toxicomanie  et l'anorexie. Je ne sais pas si ces deux vont ensemble!

Quoi qu’il en soit, les Francophones ne ressentaient pas mes vibrations.

Les Maghrébins m'ont demandé pourquoi j'avais changé mon nom pour Jacqueline, les Sud-Africains m'ont dit que je ne suis pas une femme digne de mariage ! 

Quant aux Antillais … la plupart m’ont détestée sans me connaitre, je n’ai jamais su pourquoi ; peut-être parce que je suis Africaine.

Avertissement : Je parle de mes expériences, pas de généralités ! 👀

Ceci dit, on pourrait croire que ce serait plus facile chez moi, non? Eh bien non, chaque tribu * a des clichés et les luos ne sont pas une exception; surtout en période électorale!

 Ce n’est facile d’être une femme nulle part! On dit que les femmes Luo ont « une grande gueule », sont colériques et ont la tête dure. Seules les «braves» s'approchent de ces  femmes qui sont le contraire de la femme décrite dans  Proverbes verset 31. Sans parler de, SI pour la beauté pour femmes à la peau claire et taille S. Là, nous ne sommes pas à la hauteur, nous avons généralement la peau sombre avec tout en gros, les fesses, le nez, les seins, la bouche, tout !

D’ailleurs je suis fière de vous informer que, 2 enfants plus tard, je suis moins anorexique et plus Luo. Tellement que les gens ne peuvent s’empêcher de me conseiller de faire du sport et de faire tel ou tel régime.

Être la sœur de mes frères n'a jamais aidé non plus. Nous sommes une famille de rebelles et bien que ma rébellion soit un peu différente, plutôt interne, celle de mes frères était bruyante.
Premièrement, ils sont beaux, nombre d’entre eux avaient une mauvaise réputation. Les mères les détestaient. De plus, certains ont eu des dreadlocks !!!Des pères, des mères, des enseignants, tout le système les a mal jugés et moi aussi par procuration. Je peux comprendre qu’on se méfie des "mauvais garçons" surtout vis-à-vis de ses filles, mais sûrement, quel mal avais-je fait à quiconque?

Il ne me reste donc plus que la maternité. J'imagine que le fait d'être mère ne pourrait être que sympa, bénéfique même ! Sauf que non ! En France on est rarement invité à sortir parce que… oui on a les enfants! Vous avez envie de  suggérer de sortir avec d'autres mères… ? malheureusement elles ne sont pas meilleures! Il semble que je sois une de rares à être toujours à la recherche d’occasion de faire une pause. Je suis bel et bien une mère indigne selon leurs critères. Heureusement que cela m’est égal !!!

Bref, les discussions sur les privilèges et les droits rendent les gens mal à l'aise. Si vous voulez perdre des amis, abordez ce sujet. Comme la plupart des gens, j'ai le luxe et le malheur d'être perçue à la fois comme ayant et manquant de privilèges. Cela m’amène à beaucoup d’introspection.
 J'essaie également de comprendre comment en faire profiter : mon entourage, ceux qui pourraient en bénéficier et finalement moi-même. Au moins je m'efforce de faire cela.

 Je crois que c’est l’un de ces sujets sans fin, j’aurai toujours beaucoup de choses à partager et à apprendre. Peut-être que c’est plus facile pour moi que pour d’autres en dépit du fait que je n’ai pas seulement obtenu les privilèges dont je jouis, j’ai dû verser des larmes et de la sueur pour les obtenir.

Alors, quelle est la conclusion? Je ne sais pas. Malheureusement pour certains et heureusement pour d'autres, notamment les hommes blancs, la vie est assez complexe! Il y a différents facteurs… le destin prédéterminé, y compris notre environnement, notre culture, etc., ainsi que, dans certains cas, les choix que nous faisons consciemment et inconsciemment.

Comme Buju B dit «je veux diriger mon destin». Nous le voulons tous, mais peu d'entre nous ont la liberté de le faire. Si vous avez la chance de le faire, je vous conseillerais de ne pas vous sentir supérieur et de ne pas mépriser les autres. Utilisez votre privilège pour le bien des gens et pas seulement pour votre avantage ou pour opprimer les autres. Vous serez surpris de voir à quel point cela peut être gratifiant.

C'est aussi ma façon de dire
Certains des sujets que je vais vous aborder peuvent vous caresser dans le mauvais sens du poil ou vous mettre mal à l'aise.
Ne vous découragez pas, ils vous obligent à sortir de votre zone de confort, ils nous aident à grandir et à nous améliorer. Dit la femme qui ne sait pas ce que les zones de confort impliquent parce que la vie ne lui a pas encore donné ce luxe !

* tribu Nous avons des tribus et des langues, pas des dialectes.

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